J’ai jusqu’à maintenant tourné en dérision ou minimisé les problèmes de gouvernance de l’UMIH, mais j’estime qu’il est temps maintenant de tenir un langage de vérité. De la base monte la colère de se voir si mal représentée. Le dernier avatar est la non-signature par notre organisation de ce bon accord social trouvé par les trois autres syndicats patronaux et l’ensemble des syndicats salariés. Pourquoi ? Aucune explication, ni en direction de la base, ni pour les élus départementaux. La presse rapporte qu’il aurait été prétexté que ce texte mettrait en péril l’avenir du secteur. Court, et mensonger ! J’y reviendrai.
Qu’est-ce qui ne va pas à l’UMIH ?
D’abord les statuts antidémocratiques de désignation des instances dirigeantes. Dans les départements, il n’y a hélas pas pléthore de candidatures. Ceux qui sont de bonne volonté occupent donc des postes au travail lourd et non rémunéré. Cela n’empêche pas quelques beaux parleurs affairistes ou ambitieux de s’en emparer. Toutefois, ce n’est pas généralisé, et un contrôle plus affiné pourrait y remédier.
Au niveau national, les conseils d’administrations des branches sont assez ouverts et au moment des élections des présidents, il y a un semblant de démocratie, – avec des programmes construits qui s’affrontent. Je dis ‘un semblant’ car en fin de compte, c’est plus sur des réseaux en araignées que se joue l’élection. Le système de ticket « vice président – président » à l’américaine, avec seulement un délégué votant par département (porteur cependant d’un nombre de voix en rapport avec son nombre d’adhérents) pervertit la donne. Pour le candidat, il s’agit de ne pas se tromper ; le choix d’un homme fort issu d’une grande région géographiquement opposé à la sienne sera en effet un choix judicieux. Quantité de coups de fils redescendent alors sur les délégués. Les amitiés, les promesses de places dans des conseils ou des commissions légitimement importantes, feront souvent plus que les grandes idées dans les programmes.
Pour la présidence générale, c’est le même problème, aggravé du fait que les enjeux sont à une autre échelle. Des places rémunérées à distribuer, – un corps électoral plus facilement cernable (car uniquement composé des présidents départementaux) – et une élection à l’abri des regards, en conseil d’administration, car déconnecté dans le temps du congrès ou sont alors présent l’ensemble des délégués. Ajoutez à cela un Directoire ou à force de cooptation de personnalités extérieures (du moins sous l’ère Daguin) et le lobbying des représentants du GNC, – les présidents de branches issus des départements se sentent forcément isolés !
Christine Pujol était-elle la meilleure pour succéder à André Daguin ? Le manque de charisme de madame Pujol était évident, et son travail accompli par le passé, tant à l’UMIH qu’en politique, d’une lisibilité incertaine. Geneviève Roy, travailleuse bardée de diplômes, aurait pu apporter beaucoup, mais les adhérents restaurateurs et cafetiers de province ne se seraient peut être pas sentis bien représentés par cette hôtelière parisienne. A mes yeux, Francis Attrazic, ancien vice président, actif sur de nombreux dossiers, homme de terrain, aurait eu la légitimité pour occuper le poste dignement et sans emphase. Christine Pujol a été élue grâce au soutien actif de ceux qui, quinze mois plus tard, sont en première ligne pour la débusquer. Tout cela avec la complicité d’André Daguin que la moitié d’entre eux n’avait cessé de vilipender. Je n’ai entendu ni justifications ni autocritiques. Nous prendrait-on pour des imbéciles ?
Il est plus que temps que les choses soient dites !
Il est clair pour une grande majorité des adhérents, qu’il y a eu une erreur de casting, ce que j’avais souligné dès l’ouverture de mon blog. On aurait pu tenter d’aller plus loin, – mais ce qui est fait est fait ! Le climat est désastreux, tous les jours des invectives s’échangent, la Justice va s’en mêler et le ridicule pour notre organisation va crescendo. En dépit du bon sens le plus élémentaire, madame Pujol s’accroche, plutôt que de partir dignement… Elle aura sa part de responsabilité dans le fiasco rendu inévitable si tout cela ne cesse immédiatement.
Que fait-on maintenant ?
Très vite il faut des élections, les plus démocratiques possibles, compte tenu des statuts décrits plus haut. Il reste à espérer que des femmes et des hommes de qualités – oui, il en existe à l’UMIH, se portent candidats, et que tous les enjeux soient mis sur la table. Le plus urgent à débattre est celui de l’indépendance de l’UMIH. La théorie de l’union la plus large possible entre indépendants et chaînes était tout à fait recevable, tant que ces dernières étaient dirigées par leurs fondateurs, mais ces chaînes sont toutes passées aux mains des financiers. La scission, ces jours-ci, du groupe Accor doit nous faire réfléchir, car les fonds de pension qui en ont pris le contrôle ont décidé de séparer de la partie hôtelière, peu lucrative, les services de ticket-restaurant, beaucoup plus juteux. Quel est donc le but, si ce n’est de se débarrasser des premiers pour ne garder que les seconds. Peut-on durablement s’allier avec des gens si peu soucieux de l’avenir à long terme et qui privilégient la rentabilité immédiate ? Y a-t’il là une des raisons de la défiance brutale envers la Présidente ? Que l’on nous parle ouvertement du Club Tour Eiffel et de ses buts. Madame Pujol n’a pas signé l’accord social pour des raisons évidentes et qui lui font honneur. Sans équipes, sans bureau, sans liens avec les départements, elle s’est refusée à imposer un acte si important. Pourquoi Monsieur Daguin ne l’a-t’il pas signé pour l’UMIH alors que la CPIH, porteur des intérêts de petits indépendants, l’a fait ? En absence de réponse, on peut légitimement se demander si cet accord ne contrariait pas trop les financiers avides du GNC, prompts à nous donner des leçons de communication sur la baisse des prix, mais moins souples sur les avancées sociales.
Les candidats devront tenir un langage clair sur ce point essentiel afin que chacun puisse se déterminer en connaissance de cause. On entend déjà des appels à la recomposition du paysage syndical et à la création d’un grand syndicat des restaurateurs indépendants. Cela sonnerait la fin de l’union des métiers, une alternative que je ne crois pas souhaitable.
Je suis comme vous bien content que des élections se tiennent en mars, d’après ce qu’a annoncé l’UMIH, pour régler cette question de gouvernance. En ce qui concerne l’accord social, je ne partage pas votre opinion. Le fait que la CGT l’ait voté (ce qui a ma connaissance n’est jamais arrivé !) montre bien qu’il n’est pas équilibré. Il va mettre en danger certains membres de la profession, les plus fragiles de préférence, et je crois qu’il n’aboutira qu’à des dépôts de bilan ou à des hausses de prix à terme…
2010:année de la biodiversité de l’information… et de la restauration
Bonne année monsieur l’aubergiste.
Les faits semblent vous avoir ramener à la raison. Il n’est jamais trop tard pour changer et 2010 semble être un bon millésime pour regarder le monde autrement.
Comme je n’ai eu de cesse de l’annoncer, cette réforme précipitée de la TVA montre que les petits restaurateurs et hôteliers se sont faits manipulés par les grands groupes et que des enjeux politico-financiers ont biaisé le débat à la base. Pour relever les défis de notre secteur, vous l’avez bien compris, il faut vraiment se mettre à table. Au nom du collectif des Vrais Etats Généraux de la Restauration, je me permets de vous inviter à participer au site participatif http://www.vegr.fr afin de défendre la véritable restauration et ses nombreuses TPE et PME qui restent peut-être les derniers remparts d’une cohésion sociale mise à mal par une politique sans vision d’avenir. Contrairement aux états généraux organisés entre « amis » du printemps dernier, les VEGR dont la première réunion aura lieu le 26 janvier prochain sont ouverts à tous. Vous pouvez donc en parler autour de vous, diffuser le lien du site et permettre aux restaurateurs d’entendre autre chose que la voix du GNC à travers le journal de L’hôtellerie.
Ayant participé d’une manière particulière aux négociations puisque j’ai collaboré avec l’intersyndicale afin d’obtenir la meilleure compensation possible pour les salariés, je peux vous garantir contrairement à ce que pense gepetto, c’est dans un esprit constructif que cet accord mesuré a été signé par la CGT. Je peux également vous garantir que l’intersyndicale a très bien compris l’intérêt d’avoir des entreprises performantes pour obtenir des avancées sociales. Il est temps de sortir des schémas stéréotypés où l’on stigmatise le « syndicaliste » ou le « patron » pour permettre à un vrai dialogue social de s’installer et permettre aux entreprises de prospérer.
Comme vous devez le savoir, la branche de la restauration rapide avec le SNARR en tête a refusé de signer un accord social suite à la baisse de la TVA, une aberration que je dénoncerai dès la rentrée. Au sujet des fast food, le discours mensonger du Président de la République lors de sa dernière conférence de presse ne vous a-t-il pas choqué? Aviez-vous lu ma dernière tribune sur Rue89 à ce sujet? http://eco.rue89.com/2009/12/15/si-sarkozy-allait-chez-mcdo-il-parlerait-autrement-de-la-tva-130193
Voilà, j’espère que vous verrez en ce début d’année l’intérêt d’ouvrir un vrai débat pour défendre l’intérêt général et notre secteur en particulier.
Bien à vous.
Xavier Denamur reste orateur libre de préférer la camaraderie à la coterie pour tirer la société vers le haut et défendre la transparence dans une économie de marché saine.
Bonne année à vous aussi Monsieur Denamur
Je pense avoir toujours soutenu une position raisonable et ce n’est pas parce que j’ai des reflexions un peu dure pour mon syndicat que je me rend à vos arguments. Je soutiens plus que jamais la baisse de la TVA et suis persuadé que l’avenir me donnera raison. Je ne suis pas sarkozyste, chacun le sait, et malgrés de grosses approximations regrettables je suis assez satisfait des mots du president lors de cette conférence de presse.
J’aurais bien participé à vos VEGR mais malheureusement je suis en train de boucler mes valises pour ce mois de janvier de vacances. Un conseil, oubliez ce combat qui est devenu d’arriere garde et en tant qu’homme libre et de progrés participez au developpement de notre profession de facon positive.
Cordialement