Sortie de crise à l’UMIH

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A Pâques, j’avais fait le serment de ne plus m’exprimer sur l’UMIH tant que les choses ne seraient pas rentrées dans l’ordre.  La journée du quatre octobre dans les locaux d’UMIH Formation, rue de l’université, me semble à même de surseoir à cet engagement.  Roland Héguy a été élu président avec 94% des voix. Le volontarisme de ce basque chaleureux et rusé suffira-t’il à remettre à flot le navire ? Ce n’est pas gagné d’avance, tant la tempête a causé d’avaries. Mais mon optimisme m’amènera à vous dire que cela est possible aujourd’hui. D’abord grâce à Christine Pujol ! Catalane au caractère bien trempé, elle s’est tenue dignement au premier rang de l’assemblée élective et de ce fait, nombreux ont été les délégués qui sont allé la saluer à la pause. Aussitôt après la proclamation des résultats, en cinq minutes de discours, elle a cicatrisé bien des blessures et a été applaudie par une partie de la salle. Quelques-uns de ses anciens adversaires n’ont pas fait preuve d’autant de grandeur d’âme. Bravo Madame !  Ensuite, cela est possible aujourd’hui, parce que le ticket que présente Roland Heguy avec son vice-président devrait bien fonctionner. Hervé Becam, quasi-inconnu auparavant, hormis dans sa région, semble ne pas vouloir se contenter du rôle de monsieur Loyal des congrès, – comme on en a connu par le passé, ni nourrir de trop grandes ambitions susceptibles de créer des tensions. Bon orateur, il pourra parfois suppléer Héguy qui doit faire des progrès en la matière, mais qui est assez intelligent pour connaître ses lacunes, écouter et déléguer.

            Le travail qui les attend est impressionnant. Au sein même de la maison et afin que le passé ne se reproduise pas, il faudrait réformer les statuts mais ce n’est pas une chose si simple. En effet l’UMIH est une fédération, et donc les branches tiennent à leurs prérogatives. Ce travail est en cours, et en attendant les résultats, on nous a présenté un organigramme gouvernemental qui peut laisser dubitatif. En interne aussi, il faudra panser les plaies d’une année de conflit et tendre la main aux vaincus. On a pu noter l’absence de quelques départements ayant fait un pas vers la sécession ; et les quelques propos fatalistes tenus à leur égard m’inquiètent, car perdre des hommes de la qualité de Philippe Quintana est dommage.  Ne serait-ce pas bien de sa part à lui de faire un pas vers la réconciliation, notamment en renonçant à certaines procédures. Il rejoindrait ainsi le groupe de ceux qui, – comme il se doit en démocratie transparente, ont décidé d’être vigilants envers la nouvelle gouvernance. Il serait le bienvenu au Congrès de Biarritz.

            André Daguin avait presque réussi l’unité syndicale. La division, d’une part, parait un peu ridicule si les organisations ont un point de vue quasi semblable sur la plupart des sujets, et d’autre part génère des divisions artificielles. Divisions artificielles créées par des individus qui, pour rester « roitelets » chez eux, mangent la laine sur le dos de leurs semblables. Ainsi pratique souvent le SYNHORCAT qui se veut le champion des indépendants, alors que ses quelques adhérents (essentiellement Parisiens) sont de ceux qui ont fait le plus de mal à la profession en n’appliquant que très peu la baisse des prix. Demander une enquête de représentativité, comme l’a fait Roland Héguy, est cruel et, peut être, peu conciliant en début de mandat, mais peut se comprendre.

            Le cœur du problème est bien entendu l’alliance avec le groupement national des chaînes (GNC). C’est l’unique argument des syndicats minoritaires et pour moi sur ce blog ; je ne les ai jamais épargnés. Mais, selon moi, le GNC n’a jamais fait ou défait une élection à l’UMIH. Sous l’ère Daguin, il y a eu des dérives, notamment sur la formation, mais la FNRF menée par Philippe Villalon a repris les choses en mains. Ce quatre octobre, le représentant du GNC a réaffirmé sa fidélité à l’UMIH, tout en fustigeant les diviseurs et rappelant que 40% de ses mandants sont d’ailleurs des franchisés propriétaires de leurs entreprises. Naîtront encore certainement des divergences avec l’hôtellerie familiale ou la restauration (FNRF) et le GNC, mais ne préjugeons pas des arbitrages que pourra imposer le nouveau président.  Comme l’a rappelé Laurent Duc, « le pouvoir vient d’en bas ». Cela m’a bien amusé d’entendre cette phrase de sa bouche, car c’est bien le talentueux mais parfois suffisant président de la FNHF que je visais lorsque je l’avais écrite dans un précédent billet.

            Le challenge le plus hasardeux qui attend l’UMIH est celui de la pérennité de la baisse de la TVA, surtout en cas d’alternance. Il faudra jouer fin, et surtout dépolitiser le débat. Il faudra enfin le ramener sur le terrain économique pour convaincre l’opposition, sans avoir l’air de cracher dans la soupe de l’actuelle majorité qui nous l’a donnée et la défend. Cela ne devrait en principe pas poser de problèmes, car le PS avait comme les autres, en son temps, milité pour le passage à 5,5% et pourtant, c’est malheureusement assimilé au bouclier fiscal et autres niches emblématiques des cadeaux faits par le président à ses amis. Démagogie, quand tu nous tiens ! Dans ce contexte, inclure, – bien que ne le citant pas nommément, dans son discours d’intronisation le slogan de Nicolas Sarkozy, « ensemble tout devient possible », me semble bien maladroit… Fort heureusement Roland Héguy semble vouloir donner la main, sur ce dossier crucial, à Philippe Villalon qui par le passé à fait preuve d’efficacité.

Bon courage.

À propos de archestratos

le blog d'un aubergiste, c'est à dire hôtelier, restaurateur et cuisinier de la france profonde. Syndicaliste, humaniste, democrate
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2 réponses à Sortie de crise à l’UMIH

  1. Cher Monsieur L’aubergiste,

    « Le challenge le plus hasardeux qui attend l’UMIH est celui de la pérennité de la baisse de la TVA, surtout en cas d’alternance. Il faudra jouer fin, et surtout dépolitiser le débat. »
    Effectivement cela ne va pas être simple de convaincre l’opposition de la pertinence économique et sociale de cette mesure phare du sarkozisme. Le dernier rapport de la CPO publié ce jour n’abonde pas dans votre sens. « La TVA à 5,5% dont bénéficie le secteur de la restauration a un «impact limité» sur l’emploi, pour un «coût élevé», a estimé mercredi dans un rapport le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO), qui prône sa suppression ou, à défaut, l’application d’un taux «intermédiaire». » http://www.lejsl.com/fr/accueil/article/3922150/La-TVA-a-5-5-dans-la-restauration-un-impact-limite-pour-un-cout-eleve.html

    Aubry supprime, Sarkozy maintient, Migaud tempère à 10 ou 12%, mais personne ne fait de véritables propositions pour dynamiser le secteur. Relisez avec objectivité mes 10 propositions pour le retour de la TVA à 19.6% , vous comprendrez que d’un point de vue économique, écologique et sociale, ça tient la route pour 2012.http://eco.rue89.com/2009/10/23/restauration-10-propositions-pour-le-retour-de-la-tva-a-196-123000
    http://www.vegr.fr pour redonner de la valeur ajouter à l’assiette et de la transparence dans la République de la malbouffe.
    Bonne soirée
    XD reste orateur libre de pas croire toutes vos allégations
    PS: « Ainsi pratique souvent le SYNHORCAT qui se veut le champion des indépendants, alors que ses quelques adhérents (essentiellement Parisiens) sont de ceux qui ont fait le plus de mal à la profession en n’appliquant que très peu la baisse des prix.  » Là vous avancez en terrain miné car le marketing des « bons élèves » de l’UMIH et surtout du SNRTC est en réalité une vaste fumisterie comme l’indique l’indice des prix de l’INSEE. Je sortirai bientôt une petite tribune sur le sujet, histoire de remettre les pendules à l’heure.

  2. Monsieur L’aubergiste,

    Finalement ma tribune c’est transformée en une édifiante enquête menée couteau aux dents par Sophie Verney-Caillat. Je vous invite à venir librement la critiquer avec l’objectivité qui vous caractérise.
    http://eco.rue89.com/2010/10/08/la-baisse-de-la-tva-fait-monter-les-prix-la-preuve-par-laddition-169992
    Cet article est naturellement sorti à la suite du rapport du CPO à propos duquel Didier Chenet, dans METRO de vendredi se disait hier “scandalisé” par ces conclusions. “On tire des constats au bout d’un an. Nous avons signé un accord avec l’Etat qui est pour trois ans. On fera le point en 2012.”
    Dans le même journal si Novelli martelait sa propagande mensongère la CFDT ouvrait une nouvelle brèche; Il y a un an, les syndicats patronaux s’engageaient aussi à créer dans les deux ans 20 000 emplois pérennes et 20 000 contrats d’apprentissages. Dans les faits, même si la restauration a été « le premier recruteur de France en 2010 », selon Hervé Novelli, on reste loin du compte, avec 5300 créations nettes entre juillet et décembre. Baudouin-James Bokomgo, de la CFDT services, a son explication : « Les patrons de la branche ont beau se se gargariser de ce chiffre, je ne suis pas certain qu’ils aient beaucoup embauché. Ils ont juste régularisé la situation d’employés non déclarés. »
    Quant à moi sur cette double page qui faisait la une, je vous laisse le soin de déguster mon entretien avec le journaliste à l’origine de ce vaste papier pour un gratuit comme METRO.
    http://www.metrofrance.com/info/le-restaurateur-qui-voulait-une-taxe-a-25/mjjg!5nSe5Y3Qt6UdM/
    Bon appétit
    Xavier Denamur plus vraiment seul à crier au scandale…

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