Comme souvent en novembre, la pluie s’était invitée au congrès de l’Umih. Même si ce rendez-vous annuel n’avait pas tenu toutes les promesses que l’élection de Roland Heguy laissait espérer, le spectacle fascinant de la tempête sur la grande plage de Biarritz, depuis les fenêtres du casino Bellevue aurait valu à lui seul le déplacement. Tout le monde, ou presque, était là, heureux de tourner la page de cet « anus horribilis » ; la salle paraissait trop petite.
La séance inaugurale, souvent formelle et lassante, échappa à ces travers de par le savoureux discours de bienvenue d’un sénateur-maire centriste assez bien informé des problématiques de nos professions. Il se permit même quelques piques envers le pouvoir et son tout nouveau responsable du tourisme, qu’il nomma « la voiture balai du gouvernement ». Egalement le film promotionnel du comité du tourisme Béarn-Pays Basque renouvela le genre par le dynamisme de son montage. Seul petit bémol : Monsieur Banquet d’Ortx, président de la Seine-et-Marne et longtemps proche de Christine Pujol, mit un point d’honneur à ne pas renoncer trop vite, en tant que trésorier général, à présenter les comptes. Le feuilleton de sa démission, donnée puis reprise, est obscur aux profanes. Ce qui est sûr, ce sont ses sérieux doutes sur la possibilité pour l’UMIH de financer les travaux prévus rue d’Anjou. A voir si l’avenir lui donnera raison, car la mesure a été votée à la quasi-unanimité. Après avoir échangé quelques mots en aparté avec Roland Héguy ce Bayonnais d’origine rentra dans le rang avec le sourire. Le client était la thématique du congrès choisie afin de faire oublier les guerres internes du passé. L’éminent sociologue Dominique Wolton est venu exprimer les attentes et les reproches dudit client. La dissertation fut un peu convenue mais, somme toute, vivifiante. Les deux jours suivants furent studieux, et de ce que j’en ai vu, les soirées peu festives. Biarritz en hiver a un petit quelque chose de mélancolique. Par contre, ce déjeuner sur le carreau des halles a été un bon moment, une belle trouvaille.
C’est dans les amphithéâtres du casino Bellevue que se révéla la pleine réussite du premier congrès du Président Héguy. A la FNRF d’abord, par cette motion de défiance contre le Bac Pro en trois ans, faisant ainsi mentir ceux qui pensent que se sont les chaînes qui inspirent la politique de l’UMIH. Ensuite grâce à Gérard Guy, président de la CPIH mais aussi mandaté par la FAGHIT, qui vint à la surprise générale amorcer à la tribune un rapprochement espéré depuis tant d’années ! Rapprochement qui semblait impossible en 2010, au point de faire craindre des combats fratricides pour récupérer les départements proches de madame Pujol. Les présidents de ces deux syndicats siégeront désormais au directoire de l’UMIH. Monsieur Chenet, du Synhorcat, invité lui aussi à Biarritz, semblait bien désemparé de voir sa fragile coalition « d’indépendants » voler en éclat. Il n’est pas sûr que l’APIH de Philippe Quintana présent à son congrès Parisien console les ambitions du syndicat de la rue de Gramont.
Enfin il y avait la venue du secrétaire d’État, chargé du Commerce, de l’Artisanat, des PME, du Tourisme, des services, des Professions libérales et de la Consommation, auprès du Ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie. Si cette visite ministérielle est traditionnelle en clôture de congrès du plus important syndicat de la branche, elle n’était pas, à mes yeux, sans risques. Au vu de la conjoncture et avec l’obtention de la baisse de la TVA, on pourrait en effet passer pour une des seules catégories sociale ou professionnelle à être redevable au gouvernement. De plus, la dirigeante du principal parti d’opposition a déclaré vouloir revenir sur cette mesure si elle gagne les élections. La personnalité du ministre Frédéric Lefebvre n’est pas non plus innocente : ancien « homme de main » de Nicolas Sarkozy et très marqué UMP. Deux possibilités dans ce cas de figure. Soit on lui fait un triomphe éclatant pour services rendus et l’on proclame publiquement son soutien pour les échéances à venir. J’appellerai cela la méthode Daguin, – Daguin qui a souvent confondu sa carte syndicale et sa carte politique. Très dangereux en cas d’alternance ! Soit on réserve un accueil respectueux, chaleureux et poli tout en gardant la distance syndicale qui s’impose. Je fus rassuré de constater que les applaudissements, bien que nourris, ne furent pas d’un enthousiasme marquant. Cela d’autant plus que le promu du dernier gouvernement n’est pas une bête de scène. Ânonnant son discours à un rythme lent, il réussit même à se faire voler la vedette par l’inénarrable député des Pyrénées Atlantiques, Jean Lassalle, tout juste arrivé sur ses basques.
Ce congrès du renouveau s’est terminé par un hommage émouvant de l’UMIH du Pays Basque à Roland Héguy, leur ancien président, qui s’est montré finalement bien talentueux lors de ces trois jours.