Bon anniversaire au Fooding !

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Le Fooding fête ses 10 ans. C’est peut-être un moment un peu délicat pour ce sympathique mouvement. Il est né de l’imagination de deux chroniqueurs gastronomiques ; cela rappelle la Nouvelle Cuisine qu’avaient accompagnés Henri Gault et Christian Millau.  Sauf  que le Fooding n’est pas un style culinaire, – en effet, on y trouve des chefs néo-moléculaires aussi bien que de grande cuisine classique ou du terroir. C’est un état d’esprit. Le décrire n’est pas facile,  car disons-le tout net, ça part dans tous les sens. Autrefois, les chefs se réunissaient en associations prestigieuses et autres confréries pontifiantes, les poitrines bardées de rubans et médailles, et coiffés de toques d’un mètre de haut. S’il arrivait qu’ils se mettent au fourneau ensemble, c’était au moins pour le Président de la République !!! Les rassemblements étaient l’occasion de tournois de golf et autres joyeusetés dans quelque palace de ville d’eau. On s’y amusait sans doute beaucoup, mais entre initiés, en cercle très fermé…  Le Fooding à la même vocation : favoriser la rencontre des chefs, avec toutefois un bel altruisme en direction du public populaire. Et cela, un peu partout en France, dans de joyeux happenings, mais sans jusqu’à maintenant se prendre au sérieux. Moyennant une participation de cinq, dix ou vingt euros reversés au profit d’une organisation humanitaire et dans des endroits improbables, souvent en plein air, les chefs proposent des créations à thèmes ludiques, avec des alliances parfois surprenantes. Les productions sont forcément inégales, – certaines bousculant les convenances, mais l’ambiance est sympathique : nappes à carreaux sur les pelouses, joues rosies par les vins de soif et bambins courant entre les stands. Des événements    plus branchés s’organisent dans des restaurants ou des centres d’art contemporain, mais toujours avec la même liberté décomplexée qui a fait le succès du Fooding. N’oublions pas que « Fooding » est la   contraction de ‘food’ et ‘feeling’. Si la nourriture est une affaire sérieuse, la cuisine est un travail méticuleux qui doit se faire comme se nourrir ; dans la joie et le partage. C’est cet esprit que j’aime, le refus de l’ennui plus la curiosité des différences. Ce bouillonnement joyeux est  capable de redonner aux gens le plaisir de cuisiner chez eux et même de faire naître des vocations !?

Les défauts sont ceux de l’époque : un nombre considérable de sponsors (ce qui frise le mercantilisme), aucun questionnement sur les problèmes de bio-diversité et de nourriture saine, et enfin, cette manie de retomber dans les travers des prédécesseurs : au diable les guides et leur palmarès ! Pourquoi vendre maintenant un guide, qui fatalement finira comme les autres dans le copinage et le ridicule ?  J’ai peur d’avoir la réponse, c’est pourquoi j’ai commencé en écrivant que le moment était peut être un peu délicat pour le Fooding. Allez, on verra bien …

Bon Anniversaire quand même !

À propos de archestratos

le blog d'un aubergiste, c'est à dire hôtelier, restaurateur et cuisinier de la france profonde. Syndicaliste, humaniste, democrate
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