Je n’ai aucune envie de sombrer avec le sarkozisme moribond !

affiche-sarkozy-zut1Qu’il est passionnant ce sondage TNS Sofres du 2 juillet intitulé « Regards croisés sur le secteur de la restauration » avec ce sous-titre ‘Grand Public/Salariés/Patrons’ ! Réalisé suivant les règles de l’art : échantillon national de 1000 personnes du public, et échantillon de 800 personnes du secteur de la restauration (500 salariés et 300 patrons) avec la méthode des quotas, il m’a fait un réel plaisir. En effet la restauration a une bonne image partagée entre le public, les salariés et les patrons.

• Pour le grand public, l’image favorable passe de 81 à 95% lorsqu’il s’agit des établissements qu’ils ont l’habitude de fréquenter.

• Les salariés se disent satisfait de leurs métiers à 92 %. 

• Les patrons seulement à 85% satisfaits ont probablement d’autres soucis.

• Un très fort consensus se dégage pour reconnaître que la profession est un secteur nécessitant d’avoir l’esprit et les capacités d’entreprendre. C’est un secteur où les professionnels ont à cœur de fournir un service de qualité, – dans lequel on recrute beaucoup, – innovant, – dans lequel tout le monde a sa chance, – où l’on peut vite progresser, – qui sait s’adapter aux évolutions de la société, – qui est valorisant pour ceux qui y travaillent.

• Sur les questions sociales, tout le monde convient que les conditions de travail sont difficiles, mais ce sont les salariés qui l’affirment le moins (à 85% tout de même). Pour la question de savoir si les patrons traitent bien leurs salariés, 76% des salariés le pensent contre 68% de patrons, et malheureusement 35% du grand public. Seulement 17 % du public est persuadé que les salariés sont bien payés ; ceux-ci le pensent à 42 %, bien plus que les patrons qui ont, peut être, intégré leur image négative. Je trouve que cela n’est pas si mal. Croyez-vous, amis lecteurs, que 42 % des salariés de votre entreprise estiment être payés à leur juste valeur ? Ce qui m’interpelle dans de nombreuses réponses aux questions, c’est la similitude de point de vues entre salariés et patrons. Par exemple, sur la baisse de la TVA, respectivement 70 % des salariés et 79 % des patrons sondés pensent que c’est une bonne chose, contre 50 % (quand même) du grand public.

Les résultats de ce sondage viennent à point pour remonter mon moral qui était tombé bien bas, puisqu’en cette période nous sommes de nouveau en ligne de mire. Je ne vais pas refaire point par point le plaidoyer de ma profession ; je voudrais simplement exprimer la difficulté qu’il y a, afin de faire valoir sa cause, quand on est pris comme bouc émissaire, notamment par la partie de la population qui fait l’opinion publique. Qui est-elle ? Elle n’est pas majoritaire, – et le sondage le montre bien, mais elle impose son point de vue, car elle se présente habilement comme celle qui sait. A savoir, je dis : – les chroniqueurs économiques et les hommes politiques qui en font profession, pour cette fois ligués avec les éternels pourfendeurs de patrons, fussent-ils plus pauvres qu’eux et pour finir, – pire que tous dans le ton haineux, les commentateurs de dépêches sur les sites de l’internet.

Si les agoras du « Parisien » ou de TF1 n’étaient pas virtuelles, je ne me risquerais surtout pas à m’y trouver, de crainte de la lapidation ! Sur Liberation.fr on peut lire, après un article assez costaud en mauvaise foi, triturant les chiffres officiels sans état d’âme, en oubliant allègrement que la crise est passé par là, je cite pour exemple : « les restaurateurs sont : 1- très cons, 2- sans scrupules, 3- affiliés à la mafia – en bref, c’est des gens qu’il vaut mieux éviter de fréquenter !  Rien ne vaut une bonne bouffe entre amis ! » On peut également lire ce discours haineux : « Allez 12.1% qui dit mieux ?  Pauvres cons, vous nous faites chier avec vos mesures de merde. Putain remettez leur 19.6% à ces enculés qui se sont mis la tva dans la poche. » Il y en a des tonnes de cet acabit et cela semble ne déranger personne !

Le dispositif complexe et symbolique de la baisse des prix était une planche tellement savonnée qu’il aurait fallu à Madame Pujol un charisme surhumain pour espérer convaincre. Dernièrement, lors d’une conférence de presse sur l’anniversaire du 1er juillet, des responsables locaux de l’UMIH s’expriment longuement au micro d’une télévision : « succès mitigé de la baisse des prix, mais avancées sociales et embauches bien au-delà du contrat passé avec l’état ainsi que sauvetage de milliers d’entreprises ». A l’antenne le lendemain, la parole des syndicalistes patronaux est quasiment réduite à la baisse des prix. Et le reportage est complété par un « micro-terrasse » où s’expriment quelques consommateurs, très sûrs d’eux, qui affirment qu’ils n’ont rien vu de changé à leurs additions, si ce n’est la baisse de plats qui, selon eux, n’avait aucun succès. Et le tour est joué ! Même si le commentateur évoque, à la dernière seconde, que l’embauche a été au rendez vous, le message est passé : « méchants » les restaurateurs. Ces deux ou trois clients, sur quels critères ont-ils été sélectionnés ?  Connaissent-ils seulement le métier de l’intérieur ? Sont-ils plus légitimes que moi pour en parler ?  Le journaliste a t’il vérifié leurs dires aussi bien que les miens ?

Peut-être ai-je tort, et eux raison, mais je ressens une grande violence dans le sort qui est fait à mes convictions, car c’est ainsi mon être que l’on nie. L’accusation de « corporatiste » si ce n’est de « Poujadiste » que l’on m’assène, souvent avec mépris, me blesse.

De toute ma vie, je n‘ai jamais fait passer mon intérêt personnel avant celui de la communauté.

Ce n’est pas de la grandeur d’âme, mais c’est de l’humanisme, valeur que peuvent partager à mon avis les bistrotiers, les gâte-sauces et les loufiats aussi bien que les ministres ou les professeurs de philosophie. Je ne pense pas que la disparition de milliers de petites entreprises comme la mienne, porteuses de sens, d’un patrimoine, situées partout sur le territoire, soit profitable au pays. C’est ce qui risque d’arriver si l’on revient sur ce qui n’est pas une niche fiscale, mais une injustice réparée. En macro-économie, science que Monsieur Baroin, secrétaire d’état au budget doit connaître parfaitement, ce scénario serait peut être de quelque utilité ! Mais on peut aussi m’écouter, qui rencontre tout les jours des gens qui ont étés sauvés du désespoir et de la faillite le 1er juillet 2009 ?  Si on veut bien me lire, dans plusieurs billets de l’année passée, j’ai fait la distinction entre les différents types de restaurant, – en reconnaissant que tous n’en avaient pas besoin. Les choses sont compliquées, tout n’est pas aussi simple malheureusement que le pipeau !

Je n’ai pas voté pour le Président de la République et je ne le ferai pas en 2012, malgré qu’il ait tenu sa promesse sur la TVA. Ceci dit, je vois bien se tramer le scénario. Tout les partis politiques, du PC au FN, ont un jour ou l’autre préconisé cette mesure et même essayé, pour plusieurs d’entre eux, de droite comme de gauche, de la faire voter au parlement bien avant 2009. Ils voudraient maintenant en faire le symbole du cadeau à une caste de tricheurs soupçonnés d’avoir le portrait du Conducator au-dessus de leur lit. La sociologie politique de la profession est bien plus variée, je vous l’affirme ; et pour ma part,  le seul sarkozyste qui a acquis ma sympathie au fil du temps est le ministre Novelli. Malgré un passé très lourd de militant d’extrême droite, puis d’ultralibéral, il a défendu notre profession avec courage, il a fait voter une loi qui protège le patrimoine de l’artisan en cas de faillite, et il a défendu le statut d’auto-entrepreneur comportant quelques défauts, mais porteur d’avenir.

Le luxe ostentatoire, communément appelé Bling-bling frappe certainement quelques restaurateurs, mais c’est très loin d’être la généralité. J’ai lu que, champions de la fraude fiscale, nous aurions la sympathie de ce gouvernement ! Il faut tordre le cou à cette image qui date des années soixante : en effet, avec l’avènement de la carte bancaire et l’informatisation des services fiscaux, la fraude est devenue marginale dans la profession. Les dossiers, que sont amenés à défendre devant les commissions des impôts les syndicalistes patronaux, prouvent si besoin était, qu’en cas de la fraude volontaire avérée, les restaurateurs fautifs n’ont pas le même conseiller financier que Madame Bettencourt, loin s’en faut…

Que la diatribe du « Fouquier-Tinville » du marais Parisien, – ce collègue qui pour se donner des airs d’intellectuel imprime des aphorismes de philosophes grecs sur ses cartes entre l’onglet à l’échalote et le tiramisu, ait été reprise par l’AFP en dit long. Nous ne sommes pas écoutés, mais que les démagogues de tout bord fassent attention ! Nous ne permettrons pas à ceux de droite de camoufler derrière nos deux milliards (à court terme car le coût social de la persistance de la TVA à 19.6 aurait été bien plus fort) les trente ou quarante milliards de véritable niche fiscale qu’ils ont instituée depuis 3 ans. Ceux de gauche pensent surfer sur l’opinion publique en dénonçant, depuis quelques semaines, une mesure que pourtant ils ont un temps défendue et qu’ils savent juste. 

          Je vous avertis que je n’ai aucune envie de sombrer avec le sarkozisme moribond…

À propos de archestratos

le blog d'un aubergiste, c'est à dire hôtelier, restaurateur et cuisinier de la france profonde. Syndicaliste, humaniste, democrate
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